Le frigo de ma belle-mère

Le frigo de ma belle-mère, c'était son poumon.

Elle vivait au rythme de sa respiration : rempli, vide, rempli, vide...

Plein à craquer, elle élaborait des stratégies de transformation de matières premières obéissant aux règles strictes d'un art culinaire dont elle était la dépositaire.

Ayant accouché de merveilles gustatives, elle recrutait "ses clients" comme elle disait tendrement. Elle les trouvait sans difficulté : ils se laissaient convaincre par son argumentation musclée et la remerciaient chaleureusement d'avoir été choisi pour la rendre heureuse.

Le frigo commençait alors à se vider doucement pour sa plus grande satisfaction. Bientôt, il faudrait le remplir à nouveau.

Plein, vide, plein, vide...

Elle était bercée par le va-et-vient perpétuel des denrées alimentaires de son frigo, véritable porte vers l'humanité.