Mariage
Dans un petit salon bourgeois, aux fauteuils en velours bordeaux, Anaïs se prépare.
Elle a enfilé sa robe de mariée et elle essaye de placer une encombrante coiffe de tulle sur sa tête. Le salon est rempli d’accessoires, de fleurs, de parures. Anaïs est heureuse, sûre de ses charmes et de son pouvoir de séduction.
«Anaïs ?» C’est Frédéric, son fiancé.
Il rompt avec la tradition : il vient la voir avant la cérémonie. Il n’est pas prêt; il n’est même pas habillé.
Anaïs le sermonne mais il reste et s’assoie nonchalamment dans un fauteuil. Anaïs est décontenancée: la magie des préparatifs s’évanouit soudain.
Frédéric parcourt le salon des yeux puis regarde Anaïs :
- «C’est joli...c’est marrant..., dit-il.
- Tu me trouves ridicule ?
- Non. »
«Anaïs, où es-tu !? Je t’ai apportée ton bouquet !»
Belle-maman-tailleur-mauve arrive. Elle est choquée de trouver son futur gendre avec sa fille.
Elle inonde Anaïs de recommandations, elle jète un regard découragé à Frédéric et s’en va.
Anaïs est triste, elle s’assoie :
- «Pauvre maman, elle fait beaucoup d’efforts pour toi,...si elle savait...»
« Si elle savait quoi ?» pense Frédéric, «si elle savait que je ne sais pas moi-même si c’est Anaïs que j’épouse ou son fric ?! Si elle savait qui j’ai été, comment on s’est rencontré ? »
Il repense à cette période. Il vivait de petites magouilles, passait ses nuits dans les bars ou les boites de nuit. Il l’avait rencontrée au Saint-Clair.
«Pas très nette non plus la jeune fille de bonne famille qui se bourrait la gueule pour se prouver qu’elle menait une vie palpitante.»
Ils s’étaient plu.
Pluie de confettis.
Anaïs et Frédéric sortent de l’église.
1993.
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