Le retour du Printemps de Septembre
Le Printemps de septembre revient ! Ce rendez-vous toulousain
de l’art contemporain, témoignage de liberté créatrice, se tient jusqu’au 21
octobre 2018. Cette manifestation gratuite a pris place dans différents lieux de la Ville Rose. Dommage que
l’affiche de l’événement soit si peu explicite, ne dévoilant pas les pépites qu'on peut y découvrir.
L'édition 2018 « Fracas et Frêles Bruits » est placée sous le signe du surréalisme et de l’imaginaire. On y rencontre des créatures fantastiques mi-homme, mi-machine, engendrées par un monde où l’individu éclaté et interconnecté jusqu'à l’aliénation perd ses spécificités d’être vivant.
Parmi les artistes exposés, on peut retenir quatre artistes emblématiques.
BRUNO GIRONCOLI
La Grande Cavalcade
L'édition 2018 « Fracas et Frêles Bruits » est placée sous le signe du surréalisme et de l’imaginaire. On y rencontre des créatures fantastiques mi-homme, mi-machine, engendrées par un monde où l’individu éclaté et interconnecté jusqu'à l’aliénation perd ses spécificités d’être vivant.
Parmi les artistes exposés, on peut retenir quatre artistes emblématiques.
BRUNO GIRONCOLI
La Grande Cavalcade
Plusieurs œuvres monumentales de cet artiste décédé en 2010 sont exposées dans le réfectoire du Couvent des Jacobins. Ces sculptures en fonte d’aluminium ou en bronze aux formes arrondies, très travaillées, ont un aspect mat argenté ou doré qui leur confère un côté sacré et précieux.
L’artiste, orfèvre de formation, associe organique et mécanique,
humain et végétal, ustensiles de cuisine et animaux pour créer des machines
hybrides ou des véhicules improbables qui semblent avoir digéré les êtres
vivants. Des figures humaines apparaissent, empruntant à l’art primitif comme
sur les chaudrons de l’art celtique.
Ces œuvres semblent tout droit sorties d’un roman de science-fiction dans lequel les êtres humains seraient sacrifiés sur l'autel de l’industrie et de la société de consommation.
Ces œuvres semblent tout droit sorties d’un roman de science-fiction dans lequel les êtres humains seraient sacrifiés sur l'autel de l’industrie et de la société de consommation.
BEATRICE CUSSOL
Parties
Les Abattoirs présentent les œuvres de Béatrice CUSSOL à la médiathèque du musée : aquarelles, collages et romans donnent un large aperçu de son travail. Le titre de l’exposition, « Les Parties », évoque le sexe féminin, très présent dans les aquarelles, mais aussi la vision d’une femme morcelée.
Les images érotiques de corps féminins côtoient de la nourriture - assiettes de charcuterie, poulet plumé, hamburgers - ou bien des abdomens éventrés. Des photos de mollusques sont associés à des publicités anciennes montrant des archétypes féminins, de la femme au foyer des années 50 à la working girl des années 80. Les stars sont présentes : Greta Garbo mais surtout Marylin Monroe au moment de sa dépression. Sont aussi présentes dans les compositions, les images des chutes de corps du World Trade Center le 11 septembre 2001 et les explosions des tours.
Ces compositions fascinantes par le dialogue des images entre elles, expriment une attraction/répulsion pour le corps féminin, entre Eros et Thanatos, où l'amour et la séduction sont ramenées à de la matière corporelle et à de la génitalité crue. L’aspect visqueux des méduses avec leurs longs filaments translucides font écho aux longues jambes des pin-up des années 50. L’intimité sexuelle est associée à l'éviscération. Le corps de la femme, objet de consommation courant, semble avoir intégré la violence du monde.
L’artiste montre par ses collages l’impossibilité d’une essence féminine. Elle représente le morcellement de la femme. La femme n'existe pas. Elle est icône, femme de rêve, femme fatale, ménagère, guerrière ou poupée Barbie, et elle n’est que parcelles de chair. Son image est le produit des fantasmes projetés sur les parties de son corps. Un saucissonnage du corps féminin qui atteint son paroxysme avec le bondage.
Les peintures à l'aquarelle reprennent cette thématique de l'être impossible : l’artiste peint des créatures polymorphes, bicéphales, monstres aux vulves dégoulinantes. Ils surgissent d'un tracé délicat, de dégradés subtils à l’aquarelle, technique réservée aux gentillets peintres du dimanche, mais ici avec une prédominance du rouge qui évoque les parties génitales ou le sang menstruel.
Notre regard en tant femme sort rafraîchi par l'exposition de cette artiste engagée, car celle-ci ose une vision féminine sans auto-censure, affranchie d’un discours dominant phallocentré, qui tranche avec le travail de mise en conformité auquel nous sommes habituellement soumises.
SVEN ANDERSON ET GERARD BYRNE
A Visibility
Matrix
Cette installation rassemble de multiples écrans sonorisés séparément et placés dans les différentes salles de la Fondation Ecureuil (place du Capitole). L’espace est envahi de câbles apparents qui serpentent pour alimenter les postes. Les écrans diffusent en décalage les mêmes images en boucle : des flashs lumineux colorés circulant dans tous les sens puis des images de soudure, de découpe d’acier et de sortie d’usine. Le tout accompagné d’un vacarme de bruits divers. Le décalage de la diffusion génère une profondeur de son qui donne l’impression d’une activité intense à l’intérieur d’un espace immense.
Isolé dans une salle, un autre écran se remplit de signes incompréhensibles comme si quelqu’un était en train d’écrire dans une langue inconnue.
Via cette installation, les deux artistes témoigne de notre environnement quotidien fait de saturation sonore et lumineuse. Ces écrans représentent nos espaces individuels interconnectés dans lesquels nous sommes hyperstimulés. Des signaux dont nous sommes bombardés mais qui ne produisent pas de sens.
VIRGINIE LOZE
L’envers du décor
Virginie Loze expose au Musée Paul Dupuy des oeuvres sur papiers dessin grand format. Nous connaissions son travail sur des formats plus petits (Article de mars 2014). Il se dégage une grande vitalité de ces œuvres à l’univers fantasmagorique et onirique.
Elle utilise différentes techniques : aquarelle, peinture acrylique, pastel, crayon de couleur et de papier et colle certains éléments.
Elle crée un dialogue entre le noir et blanc et la couleur, rehaussé par l’utilisation du fluo. Cette couleur qui n'existe pas produit une vibration supplémentaire et quelque chose d’enfantin, car ce sont les enfants qui détournent de leur usage les crayons fluos pour dessiner.
Le crayon de papier, très prisé par l’artiste, amène un autre niveau de lecture en insérant de petits détails dans les grandes figures.
L’artiste construit ainsi des personnages surréalistes. Des chimères dignes d'un rêve mêlant l'organique - corps humain, animal, végétal - et le minéral créant des mondes en soi.
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