Six jours dans le Haut-Atlas

La Gazette de la Gazelle - Juin 2010

1er Jour : de Marrakech à la vallée Aït Bougemmez
Départ à 8h30 pour l’Atlas.
Certains n’avaient pas ou mal lu le programme et pensaient pouvoir faire la grasse mat’ et se prélasser à la piscine de l’hôtel. C’est râté. Dès le matin, nous partons en bus jusqu’à la Vallée des Aït Bougemmez avec notre guide, Brahim, rencontré la veille.
Nous traversons d’abord la plaine via une route rectiligne.
A proximité de Marrakech, nous pouvons constater que la frénésie immobilière a aussi gagné le pays : des publicités alléchantes tentent d’attirer une clientèle fortunée en montrant des résidences luxueuses plantées dans un cadre de rêve, cependant, encore à l’état d’ébauche.
Bientôt, le paysage laisse place aux oliveraies et à l’activité agricole.
Pause à Azilal pour notre premier thé à la menthe et ravitaillement par le guide berbère.
La poursuite en minibus nous amène enfin à travers la montagne.
Les circonvolutions de la route (terribles pour certaines gazelles fâchées avec le roulis) franchissent gorges, vallées verdoyantes et plateaux rocailleux où poussent des chênes verts.
Terminus à un petit village où nous faisons la connaissance de nos muletiers dont le cuisinier, tous originaires de la même vallée que le guide. Ils nous accompagneront au cours de notre périple et leurs courageuses mules porteront nos affaires.
Une petite marche débute alors le long d’un ruisseau bordé de fleurs dont des orchidées. Le camp est installé au bord de l’eau dont le doux son bercera pratiquement toutes nos nuits.
Le soir, après notre premier « whisky berbère* », les premières notes de musique retentissent. Les habitués des coutumes locales guident les novices dans une première participation à la danse et aux chants qui scellera l’amitié entre berbères et touristes.
Les berbères sont des musiciens et des chanteurs hors pair. L’un d’entre eux nous étonnera particulièrement par sa vitalité et son sens du spectacle : Saïd, alias « Chef Saïd », à côté duquel Charles Aznavour pourrait bien aller se rhabiller…
*Thé à la menthe

2ème Jour : Premier col à plus de 3000 m avec vue sur le M’Goun
Nous rejoignons la vallée de Tessaout via un col à 3300m.
L’occasion de prendre un premier contact avec l’altitude. Au col, en face, à une bonne distance, le M’Goun nous nargue de sa hauteur. C’est lui que nous devrons rejoindre. La vallée au pied du M’Goun est large et animée ; de nombreux nomades y font paître du bétail.
Au camp, le guide et les accompagnateurs sont moroses : le temps est instable, les nuages sont bas, il fait froid. Tout semble indiquer qu’on ne pourra peut-être pas rejoindre le M’Goun dont la neige, quinze jours plutôt, rendait la crête impraticable.
Du côté des touristes, l’humeur est au beau fixe : rien n’entame l’enthousiasme des français en vacances dont les sujets de discussion variés sont toujours l’occasion à de franches rigolades.

3ème Jour : Cap sur le M’GounIl faut croire qu’il fallait qu’on y aille…La Baraka !
A 4 heures du matin, le guide nous réveille pour un départ à 5 heures pétantes à la lueur des frontales.
Il a retrouvé le sourire, il a confiance. Le ciel est dégagé, chargé d’étoiles. Par-contre, il gèle, il fera meilleur en marchant…
La colonne se met en marche cahin caha : les retardataires s’égarent un moment dans la vallée, les mal-réveillés ont oublié quelque chose, d’autres se focalisent sur leur appareil photo enraillé. La montée est douce sous les étoiles au milieu des buissons en forme de poufs qui jonchent le sol.
« Suivez le guide ! » Celui-ci adapte sa marche en prévision des km de montée à parcourir.
Le 4000, c’est pour certains une leçon d’humilité, un baptême difficile, pour d’autres un challenge et, pour tous, une expérience forte.

Nous y sommes tous arrivés…et nous en sommes tous revenus.
Grâce à l’organisation, la vigilance et au soutien de notre guide Brahim et grâce à un bon esprit de groupe insufflé en partie par notre « chef » Jean-Michel et sa bonne humeur à toute épreuve malgré la charge qui lui incombe.

L’arrivée au camp s’apparentera à un repos du guerrier bien mérité. Nos amis berbères nous préparent des surprises : de délicieux beignets et la rencontre, autour des danses et des chants, avec d’autres berbères, dont un joueur de flûte et de jeunes nomades.
Ces moments ensemble, au beau milieu de cette vaste vallée accueillante, sont inoubliables d’échange et de chaleur humaine.

4ème Jour : La grande traversée jusqu’au village de GhougoultNous quittons le camp pour une longue marche qui nous conduit à travers trois vallées et un plateau calcaire.
Nous attendent des paysages variés et contrastés : rivières, gouffres, falaises, oasis lointaines, canyons, cascades. Nous croisons des ânes, des dromadaires, des bergères avec leurs enfants et leur troupeau de chèvres et de moutons.
Après une petite montée vers un col, nous rejoignons un vallon verdoyant niché au cœur d’un massif volcanique rougeâtre.
Là, les berbères, nous ont organisé une halte, véritable paradis de volupté pour occidentaux fuyant le stress. On se verrait bien passer des heures à se prélasser entre verdure et bain de pieds. Mais la pause ne pourra se prolonger au-delà du raisonnable car le programme du guide se déroule avec la précision implacable d’une horloge suisse.

La suite de l’itinéraire nous conduit dans le lit encaissé de la rivière qui mène au village Ghougoult.
L’occasion pour certaines de tester les atterrissages forcés avec récupération de dernière minute (Gazelle Ak), pour d’autres les amerrissages ni vraiment consentis ni vraiment réussis (Gazelle Z) et pour d’autres encore la cuisson à point des orteils version Knackis (Gazelle A).
Nous admirerons aussi au cours de cette randonnée, la coopération France – Maroc pour la construction d’une structure immergée branlante non pérenne : un genre de gué*. (Etat : 0,000001 M€ - Fonds privés : 0,000001 M€ - Bureau de contrôle : ABS).
Peu à peu, le vallon laisse place à des cultures en terrasse et aux premières maisons du village de Ghougoult où nous passerons la nuit installés sur une place au pied des noyers et bercés par le coassement des grenouilles.


5ème Jour : Méchoui berbère !

Avant de poursuivre notre chemin, nous nous arrêtons prendre le thé dans
une maison du village Ghougoult, l’occasion de découvrir leur étonnante architecture intérieure avec leurs pièces desservies par de petits escaliers biscornus.

Nous empruntons ensuite un chemin muletier qui nous conduit jusqu’à une crête que nous longerons pendant quelques kilomètres.
Un paysage de genévriers et de chênes verts séculaires s’offre à nous. C’est au pied de l’un de ces magnifiques arbres qu’est dressé notre banquet de la mi-journée avec l’abondance et le raffinement habituels.


Nous rejoignons ensuite notre dermier campement où l’effervescence règne. Nous avons, en effet, passé commande d’un méchoui berbère ! Ce qui implique la construction d’un four de plus de 1 mètre de hauteur nécessaire à la cuisson à l’étouffée d’un mouton entier. Tout le monde apportera sa pierre à l’édifice, mettra la main ou le pied à la boue…
Le savoir-faire et l’efficacité des berbères fera notre admiration.

6ème Jour : Retour à la case départ
Le lendemain, le cœur lourd, nous plions bagages.
Fini, les nuits en pleine nature, ce soir, nous dormirons à l’hôtel à Marrakech. Ce sont aussi nos derniers kilomètres avec nos amis.
Nous traversons une vallée puis, nous rejoignons un coteau calcaire jusqu’à un petit village.
Au-delà des champs et des vergers, les bus nous attendent déjà, à notre point de départ. Là, les muletiers débarrassent leur bête de leur lourd fardeau et nous adressent leurs adieux avant de prendre le chemin vers leur vallée tandis que nous nous éloignons du Haut-Atlas.


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