Garlaban


Je démarre la balade sous un ciel couvert à travers les maisons et les restanques plantées d’oliviers.
Je rejoins ensuite le vallon calcaire par un sentier qui sillonne à travers les chênes kermesse.
J’arrive au chemin horizontal qui mène au Garlaban. Le sommet est masqué par la brume mais en bas, on a la vue sur la vallée, Aubagne, et dans les lointains bleutés, Carpiagne, Marseille.

Une pluie éparse commence à tomber doucement, je m’équipe. « Je ne passerai peut-être pas à travers les gouttes cette fois-ci. » La météo n’était pas très encourageante.

J’avance. Le tonnerre gronde par moment. « Est-ce que je pourrais être une cible potentielle ? » Mais l’orage semble loin. Plus j’avance et plus la brume s’épaissit. Le paysage semble escamoté. Je suis bien incapable de dire maintenant où se trouve le Garlaban. 
La pluie redouble de vigueur. Après un moment, c’est la bifurcation : à gauche, le chemin du retour vers la vallée, et en face, la montée vers le sommet. « Que faire ? » De toute façon, je suis déjà trempée et ça ne va pas s’arranger : autant essayer d’atteindre le sommet. Je pourrai toujours faire demi-tour en cas de difficulté.

L’ascension commence sous une pluie battante. Le sentier est gorgé d’eau. A un endroit, il faut mettre les mains, c’est glissant. Je ne suis pas très à l’aise. Je ne vois rien et je sais qu’il y a une falaise quelque part. « Bon, il suffit de toujours bien suivre le chemin. »

De temps à autre, le tonnerre retentit et des éclairs illuminent la brume. « Il faudrait peut-être que j’avance penchée en avant ou en rampant ! »
 
Ça y est : mes pieds sont mouillés, mon pantalon me colle à la peau et l’eau ruisselle continuellement sur mes mains. J’atteins un replat dans une petite pinède, certainement très appréciée par beau temps... Le sommet n’est plus très loin. Je suis le marquage qui contourne les arbres. Je m’arrête un instant devant la stèle érigée en mémoire du curé d'Ars : « Je te montrerai le chemin du ciel... ».

J’attaque les derniers deux cents mètres vers le sommet. La roche est luisante comme un visage baigné de larmes. L’eau rigole à toute vitesse vers le bas. Plusieurs passages sont possibles, je m’efforce de garder en tête celui que j’ai pris car je n’ai aucune envie d’errer à la descente en bord de falaise.
Maintenant, il n’y a plus de véritable chemin, je ne vois pas à dix mètres et le tonnerre gronde encore. Je ne peux pas savoir si je suis arrivée. Je suis prête à descendre pour ne pas me prendre la foudre.
Mais, dans le brouillard, se dresse la croix du Garlaban comme un grand fantôme bienveillant qui indiquerait le chemin. « J’y suis ! » Je rejoins la croix massive solidement ancrée dans son bloc de béton en bord de la falaise.

Je m’arrête le temps de goutter la pluie, forcément meilleure à cet endroit et pour remarquer que mon pantalon détrempé est  pourtant brûlant. Je redescends heureuse à travers les sentiers transformés en torrents.

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