Copacabana


Ils viennent en couple danser une fois par semaine à leur club habituel. Elle, 55-60 ans, distinguée en robe noire, une permanente de mémé brune. Lui, grand, le teint blafard, les cheveux ramenés en arrière. Il semble plus jeune qu’elle, mais ils ont tous les deux un look de vieux sortis d’un placard des années cinquante.

Il la fait danser. Il danse bien, surtout le tango. Elle lui parle pendant qu’ils dansent, elle lui dit ce qu’il doit faire : c'est son côté « Maman ».


La fille est là, elle est seule comme d’habitude, le sein lourd, prisonnier d’une robe de mousseline rouge s’ouvrant par le milieu en deux pans, tels deux rideaux prêts à révéler la Reine de la Soirée : sa chatte.


Il lui jète de temps en temps des regards intéressés par-dessus l’épaule de sa femme. Il adorerait l’inviter pour une danse, il en rêve. La tenir tout prêt de lui, la sentir abandonnée, frétillante qu’elle serait des prémisses d’une possible relation. Mais, malgré les encouragements de la Belle, il n’y aurait pas d’ouverture : le Cerbère veillait.

Et pourtant, il continuait à caresser cet espoir, ce « Copacabana » personnel, chemise à fleurs et vagues écumantes balayant le sable fin de la grisaille de sa vie.



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