Apocalypse Now

Une ère d'incertitude a débuté avec l'épidémie de Covid-19.  Nous ne pouvons plus croire au calme plat, au fil des jours, aux projets d'avenir.

Comment ne pas voir que nous sommes sur la pente descendante d'une situation où nous nous précipitons à grande vitesse. 

On peut se dire "Ce n'est pas si terrible cette épidémie " mais elle est mondiale : personne n'y échappe. Nous sommes tous concernés, soit par la maladie, soit par ses effets.

"Ce n'est pas si terrible" mais nous n'en voyons pas la fin, nous ne savons pas où nous allons. Nous continuons de vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Nous voudrions bien garder espoir, faire comme si de rien n'était, mais ce n'est pas possible. Nous ne pouvons pas faire semblant.  L'insouciance est morte. 

Nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas voir le lien entre la maladie, la destruction des écosystèmes et nous-mêmes. De quelle espèce malmenée surgira la prochaine pandémie ? Quelle végétation va pouvoir s'adapter au changement rapide des températures ?

Nous ne pouvons pas faire semblant de croire au caractère vertueux de nos tous petits efforts. Nous sommes conscients de l'implacable prévisibilité de la mondialisation de nos comportements. 

Qu'en ont à faire la plupart des gens, de la nature, des milieux sauvages ? Milieux dans lesquels ils ne s'incluent pas ? Cela fait longtemps que la plupart des gens vivent "hors sol" même quand ils sont à la campagne. 

Les gens ne lèveront pas le petit doigt car ils ne comprennent pas. Il est tellement plus simple de se voiler la face. Consommateurs individualistes, nous sommes incapables questionner nos pratiques destructrices. 

Arrêter de manger de la viande rouge ? Trop dur. Ne pas prendre l'avion ? Impensable. Les tigres disparaissent ? Pas au zoo...

Difficile de rééduquer une humanité qui pendant des millénaires n'a su qu'exploiter sans vergogne la Terre  jusqu'à l'épuisement de ses ressources naturelles.

La plupart des gens attendront de voir et d'être au pied du mur. Le pouvoir financier les encouragera sur cette voie, empêchant jusqu'au bout, tout comportement susceptible de réduire les sources de profit.

Tout se passera comme d'habitude. Seule la bonne vieille catastrophe dévastatrice, faucheuse de vies et chargée de souffrances, sera capable de nous faire évoluer. Ironie du sort, ceux qui polluent le moins payeront pour ceux qui polluent le plus. Les riches partiront au loin à bord de leur yacht à plusieurs milliards de dollars ou s'installeront sur des îles désertes, sanctuaires qu'ils n'auront pas détruits.

Nous sommes dans une dystopie, l'absurdité de la situation ne nous apparaît même plus : notre quotidien anxiogène, hygiéniste et médicalisé, nos visages tronqués par les masques, la proximité suspecte des autres. Ceux qui sont dans le déni vivent peut-être mieux les choses. Peut-être est-ce la seule posture viable ?

Que nous reste-t-il avant la désillusion totale, avant le Massacre sous nos yeux ?

Le plaisir d'être vivant, le plaisir d'être ensemble. Ce n'est plus le moment de bouder son plaisir. Et, être là pour nos proches, pour les accompagner dans cette descente inéluctable vers le monde nouveau, salement amoché, qui s'offrira à nous d'ici quelques années.

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